D’après le baromètre 2023 de maturité numérique des citoyens wallons, proposé par l’agence du numérique, on constate que “en une décennie, la fracture du numérique est passée d’une fracture d’accès, à une fracture d’usages et, désormais de plus en plus à une fracture de capacités. Cette dernière concerne la capacité à identifier et percevoir les opportunités offertes par le numérique (perception positive, confiance, etc.) et à comprendre comment utiliser le numérique de manière adéquate (connaissance et savoir-faire), sur fond de culture numérique à construire. Alors que les citoyens wallons utilisent de plus en plus le numérique dans leur vie quotidienne, certains se sentent, globalement, de moins en moins compétents et confiants dans leurs pratiques. La fracture d’attitude face au numérique illustre un fossé entre les deux profils extrêmes : 14 % d’enthousiastes et 29 % d’éloignés.”
Il est reconnu que les inégalités face au numérique génèrent l’exclusion sociale et constituent un frein essentiel à la recherche d’emploi, à la recherche de formation, aux démarches administratives, etc. et par conséquent à l’inclusion sociale.
D’après la même étude wallonne, “21% des citoyens wallons estiment ne pas détenir les compétences numériques suffisantes et 36% souhaiteraient bénéficier de formation” pour améliorer leur maîtrise du numérique.
L’alphabétisation numérique reste donc un besoin criant en Wallonie, pour permettre l’inclusion sociale.
Les acteurs de l’insertion sociale ou socioprofessionnelle œuvrent à réduire ces inégalités en accompagnant et en formant les usagers les plus faibles à l’usage pertinent du numérique dans les différentes sphères de la vie sociale.
En Région wallonne, la formation des adultes est assurée par différents opérateurs de formation professionnelle (Centres d’Insertion Socio-Professionnelle “CISP”, Espaces Publiques Numériques “EPN”, asbl, etc.). L’encadrement mis en place par ces opérateurs vise le renforcement de la personne, la construction du lien social et le développement de compétences numériques utiles pour s’intégrer dans la société, pour poursuivre une formation ou rechercher un emploi. Ces opérateurs proposent des actions qui sont souvent « compartimentées », sans interaction directe les unes avec les autres : les bénéficiaires suivront, de façon “cloisonnée”, par exemple chez un opérateur, une formation de base à l’utilisation d’Internet, puis une formation de remise à niveau en français et enfin une formation en secrétariat. De ce fait, les formations proposées sont souvent décontextualisées, alors que si elles étaient interconnectées au sein d’activités pédagogiques interdisciplinaires, elles donneraient beaucoup plus de sens au parcours d’intégration des bénéficiaires. Même si des initiatives intéressantes d’intégration des formations aux compétences numériques de base dans d’autres formations plus larges ont vu le jour, elles gagneraient à être approfondies et diffusées pour permettre une généralisation de cette pratique.
Un nouveau plan numérique se profile pour 2025 dans le paysage wallon. Ce plan a pour objectif principal le décloisonnement des différents plans wallons conjoints œuvrant tous à l’inclusion numérique.
Le projet SPINIC se base sur des structures et des actions existantes dans le paysage de l’insertion socio-professionnelle wallon : les actions subventionnées pour développer les compétences numériques tels que Digistart, les réseaux des EPN et des CISP. ll veillera lui-aussi à ce décloisonnement des différentes actions, en amenant une réelle intégration des activités de formation existantes visant l’inclusion numérique. Ce projet se veut également être un “laboratoire précurseur” du nouveau plan d’inclusion wallon pour plusieurs raisons :
- Il met en avant des démarches pédagogiques (les pédagogies actives et en particulier le projet ) reconnues pour leur efficacité.
- Il permet aux acteurs de partager leurs expériences, de s’en inspirer et de collaborer vers plus d’intégration.
- Il sera diffusé auprès de tous les acteurs wallons ayant pour mission l’inclusion numérique (médiateurs numériques) à savoir les opérateurs Digistart, les CISP, les EPN, etc.
Les partenaires du projet sont tous des acteurs de l’insertion et de l’inclusion au numérique.
De par leurs connaissances du contexte, de la problématique et du public-cible, ils veilleront à la faisabilité et à la pertinence des scénarios pédagogiques développés. Ces activités auront été construites, expérimentées, évaluées et régulées sur le terrain avec les bénéficiaires avant leur diffusion vers les collègues des autres organismes.